120 ans d'histoire! À l’occasion de cet anniversaire exceptionnel, Arnaud Ramsay et Frédéric Lepage signent Le fabuleux destin de l’AJ Auxerre, un album qui retrace cette épopée à travers le regard de Martin, un grand-père passionné, et de ses petits-enfants, Enzo et Mathilde. Au fil d’une balade dans Auxerre, les souvenirs se mêlent à l’histoire, entre émotions, transmission et fierté d’appartenance. A retrouver AUX EDITIONS EN EXERGUE. ENTRETIEN AVEC SON AUTEUR, ARNAUD RAMSAY, qui nous a fait l'honneur de répondre aux questions de nos collégiens rayan, enzo et NELIA.
Pourquoi avoir choisi de raconter l’histoire de l’AJ Auxerre ?
L’AJA, via Thierry Hubac, son directeur de la communication, a initié de nombreux projets afin de
célébrer les 120 ans de ce club si attachant et au palmarès conséquent, avec un titre de champion de
France, quatre Coupes de France, 128 matches européens. Parmi les projets, celui d’un roman
graphique, ce qui n’avait pas été fait pour un club. J’ai ainsi été sollicité par l’éditeur En Exergue et
son directeur José Carlin afin de scénariser ce projet, à l’aune de mon expérience dans la presse
spécialisée et pléthore d’ouvrages (France Football de longues années, M6, France Soir, Le Journal du
Dimanche, les biographies d’Antoine Griezmann ou Youri Djorkaeff, quatre scénarios de bande
dessinée autour du football, etc). Frédéric Lepage, dessinateur depuis 25 ans, spécialiste de la
communication par l’humour, a lui été choisi pour le dessin. Notre tandem a très bien fonctionné pour
raconter la si singulière trajectoire de l’AJA, qui méritait d’être explorée de la sorte.
Qu’est-ce qui rend ce club si spécial par rapport aux autres clubs français ?
Je reprendrai ce qu’écrit entre autres dans la préface Baptiste Malherbe, président exécutif et
directeur général : « L’AJ Auxerre incarne une certaine façon de vivre et de penser le sport, un socle de
valeurs solides et intangibles, un état d’esprit perpétué depuis cent vingt ans, de l’abbé Deschamps à
James Zhou en passant par Guy Roux et toutes celles et tous ceux qui ont contribué à en écrire la
légende. L’AJA, c’est aussi l’étendard d’une ville, d’une région, d’un territoire. Irréductible, elle tient
tête aux plus forts, procure des émotions intenses et fait la fierté de ses supporters. »
Quel moment de l’histoire de l’AJA vous a le plus marqué en écrivant le livre ?
J’ai aimé raconter toutes les périodes de l’AJ Auxerre, celles des débuts quand elle n’était qu’un petit
club de patronage jusqu’à l’apothéose : le doublé championnat-Coupe de France en 1996. Cantona,
Boli, Ferreri, Cissé, Scifo, Mexès, Blanc, Guivarc’h, Kalou, Kapo, Martini : tant de grands joueurs sont
passés par Auxerre. A mes yeux, le tournant est la finale de la Coupe de France 1979. Elle a placé
Auxerre sur la carte. Le modeste pensionnaire de Ligue 2 élimine le champion en titre Strasbourg en
demi et pousse le grand Nantes d’Henri Michel en prolongations en finale au Parc des Princes. Tout a
ensuite changé, le club ayant eu l’intelligence d’investir l’argent de la Coupe pour bâtir son centre de
formation en forme de pyramide à deux pas du stade.
Comment avez-vous travaillé à deux pour écrire et illustrer cette BD ?
Pas évident. Confidence : avec Fred, nous nous sommes rencontrés en « vrai » pour la première fois
lors d’un week-end de dédicaces inaugurant la promotion du roman graphique, au Cultura d’Auxerre
et le lendemain à la boutique du club avant le match entre Auxerre et Lyon ! Nous avons donc
travaillé à distance, moi installé près de Paris et lui de Lyon. J’ai tout séquencé, découpé, je l’ai nourri
de documents et photos. Puis Fred la machine l’a mis en musique. Nous avons constamment échangé,
souvent très tard, pour faire progresser le récit et être au plus proche de la réalité, sachant que tout
ce qui est dans la BD est rigoureusement exact.
Le fait de réaliser une BD cela permet de raconter l'histoire d'un club de façon différente par rapport
à un récit classique?
Absolument. C’est ce qui rend l’exercice encore plus plaisant. Si tout est vrai dans l’histoire du club, il y
a également une part de fiction avec pour fil rouge de l’ouvrage ce grand-père qui emmène ses deux
petits-enfants Enzo (en hommage à Enzo Scifo) et Mathilde à l’abbé-Deschamps voir un match entre
Auxerre et le Paris Saint-Germain. Cela permet de scénariser, de tisser des liens et des passerelles
entre les époques, afin d’éviter l’écueil d’un récit purement chronologique, qui n’aurait pas été
passionnant. Et la BD est un médium qui permet de s’adresser aux plus jeunes, de les prendre par mla
main.
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris en faisant vos recherches sur le club ?
La masse de documents conservées et archivées par le club et par les supporters. L’un deux m’a
d’ailleurs aidé en me prêtant un livre retraçant les vies d’Ernest-Théodore Valentin Deschamps,
devenu l'abbé Deschamps, fondateur du club et dont le stade porte légitimement le nom. C’est cet
ancien clerc de notaire avant qu’il ne s’engage dans les ordres qui en décembre 1905, afin d'anticiper
l'effet des mesures anticléricales avec la séparation des églises et de l’Etat, a officiellement
transformé le patronage paroissial Saint-Joseph, dont il était directeur, en Association de la jeunesse
auxerroise.
Selon vous, pourquoi l’AJA a réussi à devenir un grand club en venant d’une petite ville ?
Parce qu’elle a conservé son âme et un état d’esprit conquérant, parce qu’elle s’est élevée
patiemment, parce qu’elle est soutenue par toute une région, dont elle constitue l’une des plus belles
vitrines, parce qu’elle fait la fierté de tout un peuple. C’est fou d’imaginer que la 237e ville de France
en termes de population figure en Ligue 1, parmi les 18 meilleures équipes du pays.
Quel message ou quelle leçon les jeunes lecteurs peuvent-ils tirer de l’histoire de l’Auxerre ?
Qu’un club de football est bien plus qu’un club de football. L’AJ Auxerre en est l’incarnation.
Si vous deviez résumer l’histoire du club en un seul mot, lequel choisiriez-vous ?
L'histoire d'une merveilleuse du football français ou comment le club d'une ville de 35 000
habitants au cœur de la Bourgogne est devenu une institution.
Qu’aimeriez-vous que les lecteurs ressentent en refermant votre livre ?
Qu'ils ont appris, souris, grandi. Lors d'une séance de dédicaces, au Cultura d'Auxerre, un lecteur qui
avait tout juste lu l’ouvrage, après que nous lui ayons signé Frédéric Lepage et moi-même, nous a
lancé : "Votre bande dessinée est très bien car il est question de transmission, de passion, de voyage à
travers les générations, de la petite et de la grande histoire. Certains vont s'y intéresser pour le foot,
d'autres pour Auxerre et son patrimoine. En fait, c'est un peu comme pour le Tour de France ! » On ne
saurait mieux résumer.
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